Micronouvelle dans le cadre d'un exercice de worldbuilding. Objectif : rendre compte d'un univers complexe sans perdre un lecteur qui ne le connaîtrait pas.

Lever d'Eïcar

Un rayon d'Eïcar inonde la peau blanche du visage d'Usnée, qui se redresse sur sa couchette. Elle s’étire, se lève, et jette un coup d’œil sur la couchette du dessus : Samnée dort encore.

Sans faire de bruit, elle sort de la cabine et progresse dans les couloirs froids du vaisseau. Elle arrive à côté du sas de sortie. Elle enfile une combinaison de protection usée et pénètre dedans. La première porte se referme derrière elle, la cabine se pressurise.

Dans un grincement, la seconde porte s’ouvre et Usnée fait face à un magnifique lever de Privia, la planète verte se révélant peu à peu dans la lumière d’Eïcar.

Usnée se laisse glisser le long de l’échelle de son petit vaisseau rendu invisible par la technologie refractive. Elle en fait le tour pour l’inspecter, et fait la moue : un des panneaux ne fonctionne plus, laissant apparaître la carcasse métallique. Elle se penche, tape du poing dessus ; le panneau clignote, et le vaisseau est à nouveau complètement invisible.

Usnée se redresse, à moitié satisfaite, et contemple les immenses plaines d’Élocoïde. Elle prend une grande inspiration, observe le ciel d’un œil méfiant, puis se met à courir, sa queue couverte d’écailles blanches balançant de gauche à droite.

Au bout de plusieurs minutes, elle ralentit : elle arrive au bord du versant d’une haute montagne rocheuse. Elle se dirige vers une falaise, et, sans une seconde d’hésitation, commence à l’escalader avec agilité, ses mains reptiliennes s’accrochant sans mal aux moindre interstices dans la pierre.

Mais, alors qu’elle a presque atteint le haut du mur, elle s’immobilise au son d’un bruit sourd de moteur. Elle tourne la tête vers la plaine, vers son vaisseau qu’elle ne peut voir mais dont elle connaît l’emplacement par cœur. Un engin Anthars s’en approche, volant à basse altitude. Usnée se crispe, mais le vaisseau ne s’arrête pas, et continue sa course jusqu’à disparaître derrière l’horizon. Usnée pousse un soupir de soulagement et reprend son ascension.

Elle se hisse en haut de la falaise, et ne peut s’empêcher de pousser une exclamation de joie : face à elle, une colonie de petits scorpions noirs typiques d’Élocoïde. Elle ouvre grand son sac en toile et y fourre des pleines poignées d’arthropodes.

De retour dans son vaisseau, Usnée s’installe sur le fauteuil de capitaine et contemple Privia tout en grignotant des scorpions -- ils ne valent pas ceux de Rahra (du moins à ce qu’on lui a dit), mais ça fera l’affaire.

Soudain, elle se redresse sur son siège et écarquille grand les yeux. Une silhouette est en train de faire le tour du vaisseau, se grattant la tête en se demandant où a bien pu disparaître celle dont il a suivi la piste depuis les montagnes. La silhouette vient se camper face au poste de pilotage, face à Usnée qu’il ne peut voir, mais elle si : c’est un grand homme à la peau blanche ; un Yssin.